Le merle : le ténor ténébreux en haut du toit
28.10.2024 - Temps de lecture: 5 minutes
Au printemps, on aperçoit sa silhouette à la cime des arbres, en haut des toits et sur les luminaires urbains.
Une fois sur scène, il y va de bon cœur : avec son chant, le merle mâle non seulement signale sa présence aux dames, mais il envoie aussi des avertissements à tous les rivaux à portée de chant : ici, c’est mon territoire ! Le merle mâle est aussi un très bel oiseau. Avec son plumage noir brillant et son bec jaune caractéristique, il est impossible de le confondre et même les néophytes le reconnaissent facilement. La femelle merle est plus discrète. Dotée d’un sobre plumage gris-brun, elle ne se fait pas remarquer. Et c’est ainsi que cela doit être : Pendant la couvaison, alors qu’elle siège dans son nid à demi-ouvert dans les buissons, elle se fond dans son environnement et reste difficile à trouver pour les prédateurs.
Portrait d’un cosmopolite
Baptisé Turdus medula par les ornithologues, le merle appartient à la famille des grives et est l’un des oiseaux chanteurs les plus connus dans nos contrées. Les oiseaux mesurent de 24 à 26 cm de long entre le bec et le bout de la queue et ont une envergure de 36 cm. Ils pèsent en moyenne 100 grammes et comptent ainsi parmi les oiseaux chanteurs les plus grands de nos régions. Les mâles sont noirs avec un bec et un tour de l’œil d’un jaune-orange voyant. Les femelles ont un dos vert-marron-gris, la couleur de leur ventre allant du gris au rouge-brun en passant par des nuances de brun. La poitrine est généralement mouchetée. Une particularité que peuvent souvent présenter les merles est un leucisme partiel, c’est-à-dire une forme d’albinisme où certaines plumes et parties du corps sont blanches comme la neige, ce qui les rend malheureusement très voyants pour leurs prédateurs.
Un habitat diversifié
On trouve des merles partout dans le monde, sauf dans le nord de l’Europe, en Afrique du nord et en Asie. En Australie et en Nouvelle-Zélande, le merle a été introduit par l’être humain, sous forme de spécimens probablement échappés des cages des immigrants. Le merle est originellement un oiseau sylvestre. Vivant près des espaces cultivés, une partie s’est déplacée, au plus tard au 19ème siècle, vers les parcs urbains, les cimetières et les jardins. Aujourd’hui, le merle est presque devenu un oiseau urbain, habitué à côtoyer les humains. Le merle est un oiseau partiellement migrateur : Alors que le climat s’adoucissait dans nos contrées, un nombre croissant de merles se sont mis à y passer l’hiver, tandis que d’autres partaient prendre leurs quartiers d’hiver de l’autre côté des Alpes.
Reproduction et élevage des petits
Le merle atteint la maturité sexuelle vers la fin de sa première année de vie et adopte un comportement monogame qui peut perdurer sur plusieurs couvaisons pour les oiseaux sédentaires. Les premières couvées naissent dès le début mars et il n’est pas rare qu’il y ait jusqu’à trois couvées dans l’année. Le merle construit son nid en forme de gamelle, de préférence abrité par d’épais buissons.
Les colonies choisissent toujours des bosquets à feuillage persistant ou des façades végétalisées comme sites de nidification. La construction du nid, à partir de brindilles, de glaise et de matériaux de rembourrage, dure de deux à cinq jours en fonction des intempéries. Le nid terminé a un diamètre de l’ordre de 16 cm. Une ponte comprend jusqu’à cinq œufs de couleur verte que la femelle couve pendant environ deux semaines, ne quittant le nid que pour se ravitailler. La durée entre l’éclosion et l’envol des poussins est également d’environ deux semaines. Les poussins, devenus oisillons, sont nourris par leurs parents pendant encore un mois, Avec environ 16 grammes de nourriture par tête, principalement d’origine animale.
Chant et cri : Le merle comme avertisseur
Outre son chant, les expressions à fort volume sonore du merle les plus connues sont le « tic-tic-tic » caractéristique et un « ssih » perçant et d’intensité décroissante. Il s’agit dans les deux cas d’un avertissement, le premier pour signaler la présence d’un ennemi aérien et le second celle d’un ennemi terrestre. Lorsque vous entendez ces avertissements et que vous regardez dans la bonne direction, il est très vraisemblable que vous découvriez un chat ou un rapace.
Menu du merle
Le merle se nourrit principalement de fruits et d’éléments d’origine animale. Les vers de terre, les coléoptères, les petits escargots et leur progéniture sont leurs plats préférés. Lorsqu’ils fouillent la terre en quête de proies, les semis frais ou les paillis des plates-bandes ne les arrêtent pas, ce qui leur vaut la réputation de vandales à plumes auprès des jardiniers. Les surfaces herbeuses sont leur terrain de chasse favori : Pendant et juste après la pluie, on peut souvent y voir plusieurs merles à la recherche de vers de terre. En fonction des disponibilités saisonnières, les merles complètent leur menu avec des fruits. Le bec du merle est conçu pour consommer des aliments mous. Vous devez en tenir compte pour nourrir les oiseaux sauvages et leur proposer, outre des aliments gras, des pommes, des baies ou des raisins secs, surtout en hiver.
Le merle comme hôte de votre jardin
Si vous souhaitez rendre votre jardin agréable aux merles, offrez-leur des conditions générales attrayantes. Pour les merles, le jardin idéal comprend d’épais buissons, un point d’eau – les merles aiment se baigner et, curieusement, en particulier quand il pleut – un arbre fruitier ou un buisson à baies et une étendue dégagée d’herbe rase. Tout au long de l’année, placez de la nourriture dans un nichoir à oiseaux car les merles ne peuvent pas accéder aux silos à nourriture. Si vous avez un faîtage ou ne serait-ce qu’une branche haute et dégagée, vous n’attendrez pas longtemps avant que ce chanteur noir installe sa scène chez vous.