Législatives 2024. Surnommée "Madame casse-sociale", Elisabeth Borne ironise sur les "baguettes magiques" du RN lors du débat d'entre deux tours

La députée sortante Elisabeth Borne (Renaissance) et le candidat du Rassemblement national Nicolas Calbrix, qui s'affrontent en duel lors du second tour des élections législatives 2024, ont débattu sur le plateau de France 3 Normandie ce mercredi 3 juillet. Les discussions ont souvent été virulentes entre les deux opposants dans la course à l'Assemblée nationale, sur des questions économiques, sociales et leur présence locale.

C'est sans doute l'un des duels les plus attendus au second tour des élections législatives en Normandie mais aussi en France. Battue au 1er tour par Nicolas Calbrix (Rassemblement national, 36,26% des suffrages exprimés), Elisabeth Borne pourrait ne pas être réélue députée dimanche 7 juillet

Lors du débat de l'entre-deux tours organisé par France 3 Normandie et France Bleu, l'ancienne Première ministre a rapidement fait remarquer que Nicolas Calbrix était un candidat parachuté. 

"Je dis à tous les électeurs de la circonscription qui ne souhaitent pas être représentés par un député Rassemblement national qui ne vit pas dans la circonscription, qui vient rarement et qui manifestement ne s'intéresse pas aux enjeux de la circonscription, que nous pouvons tous nous rassembler" a lancé Elisabeth Borne, rappelant par la même occasion que le candidat du Nouveau Front populaire Noé Gauchard s'est désisté pour faire barrage au RN.

Une posture de "parachuté" assumée

Se sentant attaqué, Nicolas Calbrix a assumé sa posture de "parachuté", en précisant toutefois avoir "grandi en Normandie" et avoir été "tête de liste aux élections régionales de 2015".

"Quand le Rassemblement national m'a appelé après la dissolution, j'ai choisi de venir ici pour vous affronter parce que cette circonscription est emblématique pour tourner la page de la Macronie et lutter contre vous", assure le candidat du RN. "Ça fait trois semaines que je suis sur le terrain et ce que les gens me disent, c'est qu'ils ne vous ont pas vue. Je dis aux électeurs de gauche qu'ils n'ont pas à voter pour "Madame casse sociale, madame 49/3", qui a fait tant de mal à ce pays."

Les "baguettes magiques" du RN sur les impôts

Le pouvoir d'achat est l'un des principales préoccupations des Français dans cette campagne législative 2024.

Ancienne Première ministre, Elisabeth Borne a en partie incarné l'image du gouvernement ces dernières années et a tenu à rappeler : "le premier texte que le gouvernement avait présenté était un texte d'urgence pour le pouvoir d'achat qui n'avait pas été voté par le Rassemblement national alors qu'il prévoyait une remise carburant de 30 centimes par litre", lançant une pique à son opposant direct.

La candidate de la majorité présidentielle s'est attardée sur le cas des retraités. "500 000 retraités ont eu une revalorisation de leur retraite. Beaucoup de retraités me disent qu'ils ont du mal sur la prise en charge de leurs soins. Je veux mettre en œuvre une mutuelle à 1euro par jour" a expliqué la députée sortante. 

Nicolas Calbrix s'est engouffré dans la brèche ouverte sur les retraites par Elisabeth Borne pour tacler la candidate de la majorité présidentielle : "c'est assez cocasse Madame Borne que vous parliez des retraites" en référence à la réforme des retraites, très contestée en France et que le parti de Jordan Bardella veut abroger.

"Nous, nous avons des priorités pour le pouvoir d'achat, lance le candidat RN. La première chose, c'est la baisse de la TVA sur les produits énergétiques, pour se déplacer, pour se chauffer.  Nous sommes déjà matraqués fiscalement. Cela fait 7 ans que ce gouvernement n'a pas imposé de justice fiscale. Nous n'imposerons pas d'impôts supplémentaires aux classes populaires et aux classes moyennes". 

Ne dites pas qu'il y a eu un matraquage fiscal.

Elisabeth Borne, candidate majorité présidentielle

Réponse immédiate d'Elisabeth Borne : "C'est assez facile Monsieur Calbrix d'oublier de dire que ces dernières années, il y a eu 60 milliards de baisses d'impôts et de nous dire que vos 130 milliards de dépenses ne se traduisent pas par des hausses d'impôts. On sait que le RN a beaucoup de baguettes magiques, qu'il a tendance à vendre du rêve qui se termine en cauchemar. Mais comment vous financez 130 milliards de dépenses supplémentaires sans impôts nouveaux ? "

"On va déjà voir dans quelle situation vous nous laissez le pays. Je n'ai aucune leçon de bonnes gestions à recevoir de votre part" rétorque Nicolas Calbrix, sans apporter de réponses concrètes sur la question.

L'éducation vue sous deux angles différents

La 6e circonscription du Calvados s'étend sur près de 90 kilomètres, avec des territoires entre villes et campagnes où la question des services publics et des écoles est parfois préoccupante. Avec notamment des fermetures de classes, voire d'écoles par endroits. 

Interrogés sur la thématique de l'éducation, les deux candidats ont exprimé des points de vue différents sur la question. 

Nicolas Calbrix estime qu'un "travail doit être mené avec la région et le département pour qu'il y ait une meilleure gestion. Le plus important, c'est de remettre le savoir au cœur de l'éducation. Il y a clairement des dérives, des idéologies enseignées à l'école. Et le gouvernement n'a pas fait grand-chose pour relever le niveau". 

"C'est important d'avoir des établissements de proximité, assure de son côté Elisabeth Borne. En même temps, quand il y a des classes avec trop peu d'élèves, ce n'est pas forcément mieux pour les enfants. Il y a un travail qui peut se faire pour avoir des regroupements de classes afin d'avoir la meilleure réponse pédagogique pour les élèves. Mais je pense aussi que nous avons un territoire qui est dynamique. C'est important de permettre aux jeunes de se former dans le territoire et qu'ils puissent répondre aux offres d'emploi que proposent nos belles entreprises". 

L'ancienne Première ministre attaquée sur son bilan sécurité

Thème phare du Rassemblement national, l'insécurité a suscité de vives interactions entre Elisabeth Borne et Nicolas Calbrix.

Le candidat investi par le Parti de Jordan Bardella estime que le climat d'insécurité perçu par 9 Français sur 10 est "l'échec de Madame Borne. Il y a un cambriolage toutes les 3 minutes. Une agression gratuite toutes les 40 secondes".

Votre bilan sur la sécurité est catastrophique.

Nicolas Calbrix, candidat du Rassemblement national

Coupé par l'ancienne Première ministre qui lui dit rappelle que ce sont des chiffres nationaux et non des chiffres de la 6e circonscription du Calvados, le candidat RN réplique : "c'est un problème national Madame Borne. Vous avez un bilan national. Assumez votre bilan sur l'économie et l'insécurité". 

La députée sortante ne se laisse pas tancer : "C'est quoi votre baguette magique pour l'insécurité ? Donnez des mesures concrètes".

Plus à l'aise sur cette thématique, le candidat du RN développe : "des peines planchers, des peines minimales pour les multirécidivistes, la suspension des allocations familiales pour les mineurs multirécidivistes, la fin de l'excuse de minorité, la construction de prisons".

En réponse, Elisabeth Borne défend une politique nationale qui profite au niveau local : "on a prévu 17 500 policiers et gendarmes supplémentaires depuis 2017, donc il y a des brigades de gendarmerie qui ouvrent dans les territoires. C'est bien évidemment le cas dans le sud de la circonscription. Il faut plus de policiers dans les villes. Depuis 2017, on veut augmenter de 60% les moyens de la justice. Car il y a un enjeu important. C'est que les délinquants non seulement soient arrêtés, condamnés et que leurs peines soient effectuées".

Qui d'Elisabeth Borne (Majorité présidentielle) ou Nicolas Calbrix (rassemblement national) sera élu député de la 6e circonscription du Calvados ? Le verdict sera rendu ce dimanche 7 juillet, après le second tour des élections législatives 2024.

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