« Imaginez si le compost qui enrichit nos sols aujourd’hui, produit par les programmes locaux de valorisation des déchets organiques, nourrissait les cultures qui servent à la fabrication des vêtements de la saison prochaine », propose Clinton Sander, responsable marketing d’A1 Organics. « Et si les agriculteurs portaient des vêtements fabriqués à partir de fibres qu’ils auraient cultivées grâce au compost issu des restes alimentaires de leurs communautés ?
C’est ça, la beauté de la circularité. Les déchets deviennent une ressource précieuse, bouclant ainsi la boucle de la consommation et favorisant la régénération. »
Fondé à Eaton dans le Colorado en 1974, A1 Organics est le leader de l’État en termes de recyclage de matières organiques. Au fil des années, cette entreprise familiale a recyclé plus de 11 millions de tonnes de matières organiques provenant des décharges du Colorado. Mais ce n’est pas tout. L’entreprise vend plus de 300 000 m³ de compost organique, paillis et produits pour le sol, qui créent des sols plus sains et plus résilients pour les fermes confrontées à des sécheresses et à une érosion croissantes.
« Nous parlons des déchets alimentaires et des déchets verts comme simplement des déchets », continue Clinton Sanders. « Mais les matières organiques constituent des ressources naturelles précieuses, pas des déchets. Elles ont un pouvoir régénérateur une fois transformées en compost. Retirons le mot “déchet” de notre vocabulaire. »
L’US Composting Council, organisation qui promeut le compostage et la gestion durable des déchets organiques, insiste sur le fait que le compost fonctionne comme une éponge dans le sol, captant l’eau et la conservant, tout en optimisant le drainage. Selon les recherches de l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis (EPA), un sol amendé avec du compost pourrait retenir jusqu’à 18 à 20 fois la quantité de matière organique en poids par rapport à un sol non fertilisé. Le service de conservation des ressources naturelles du département de l’Agriculture des États-Unis révèle qu’ajouter seulement 1 % de matière organique dans les 15 centimètres supérieurs du sol peut augmenter la capacité de rétention d’eau à plus de 250 000 litres par hectare.
Et c’est juste ce qui se passe sous la surface.
Selon les estimations de l’EPA, pour chaque 1 000 tonnes de déchets alimentaires mis à la décharge, environ 34 tonnes d’émissions fugitives de méthane sont dégagées. Cela est d’autant plus préoccupant que le méthane est 28 fois plus puissant que le dioxyde de carbone en tant que gaz à effet de serre. Le compostage, quant à lui, permet aux déchets alimentaires de se décomposer naturellement, ce qui réduit les émissions de méthane.
Le compostage à grande échelle demande beaucoup plus de travail que de simplement déverser des tas de déchets organiques. C’est pour cela qu’A1 Organics compte 45 employés à plein temps. Le processus commence par l’élimination minutieuse des contaminants, suivie d’un traitement dans un broyeur à haut débit capable de traiter jusqu’à 230 mètres cubes par heure, soit l’équivalent de trois semi-remorques de taille standard. Le broyage réduit la taille des matières organiques, augmentant ainsi la surface qui favorise l’activité microbienne essentielle à la décomposition.
Une fois broyée, la matière est mélangée de manière stratégique avec d’autres intrants organiques afin d’obtenir un équilibre optimal d’humidité, d’azote et de carbone. Ce mélange est ensuite disposé en andains, mesurant 300 mètres de long et 8 mètres de large et pouvant atteindre 5 mètres de haut. Pendant une période de 90 à 120 jours, les andains sont contrôlés pour vérifier la température et les niveaux d’oxygène. Ils sont mélangés à l’aide de retourneurs mécanisés lorsque les niveaux doivent être modifiés pour maintenir un environnement propice à la décomposition microbienne.
La matière est ensuite passée à travers de grands cribles rotatifs, qui trient le compost en différentes tailles de particules. La fraction la plus fine est séchée pendant 30 jours pour stabiliser davantage la teneur en nutriments. Elle est soumise à des tests de compost certifiés par le Seal of Testing Assurance (STA) de l’US Composting Council, avant d’être envoyée aux agriculteurs, éleveurs et chantiers de construction ainsi que pour une utilisation dans les parcs urbains et pour la création de pelouses à utilisation commerciale.
Le compostage n’est pas une nouveauté, mais le faire à grande échelle peut contribuer à atténuer la crise climatique. « Boucler la boucle du compost, la connexion entre le début et la fin du processus de recyclage des matières organiques, est la partie la plus importante de notre travail », explique Clinton Sander. « Il s’agit d’encourager les particuliers et les entreprises à repenser la manière dont ils gèrent leurs ressources naturelles (déchets), afin de garantir que chaque élément ait une fin de vie responsable plutôt que de finir dans des décharges. Le compost n’est pas simplement un engrais, c’est un catalyseur pour des sols plus sains, des écosystèmes prospères et, à terme, une alimentation riche en nutriments. »
Photos : (En haut) Le surplus de fruits et légumes des magasins d’alimentation est composté à A1 Organics, un centre de recyclage de matières organiques dans le Colorado. Le compostage permet de diminuer les émissions de méthane des matières organiques par rapport à celles qui terminent dans une décharge. Keenesburg, Colorado. CLINTON T SANDER (Au centre) À Keenesburg dans le Colorado, A1 Organics contrôle ces andains de « déchets » organiques de 150 mètres de long sur une période de 90 à 120 jours, afin de garantir un environnement propice à la décomposition microbienne. CLINTON T SANDER (au centre) Clinton Sander, responsable marketing d’A1 Organics, examine une livraison de compost fini certifié STA™, destinée à un nouveau programme de logements résidentiels. BEAU BARKLEY